At the cinéma les 3 Luxembourg - 67 rue monsieur le prince 75006 paris
Logique de guerre, logique de paix

Jamais le Proche et le Moyen-Orient n'avaient connu un tel chaos : guerres civiles en Irak et en Syrie, bras de fer communautaire au Yémen, désagrégation de la Libye, "Intifada du désespoir" en Israël-Palestine, sans oublier les affrontements en Afghanistan… 

Paradoxalement, ces guerres sont le produit de l'échec de guerres antérieures. Daech est né de l'intervention des Etats-Unis en Irak et de la répression sanglante du régime de Bachar Al-Assad en Syrie. La décomposition de la Libye résulte de l'aventure voulue par Nicolas Sarkozy dans ce pays. Les nouvelles offensives des Talibans sanctionnent la faillite de quatorze ans de présence américaine en Afghanistan. Quant au conflit israélo-palestinien, il dure depuis près de soixante-dix ans…

Mais ces situations tragiques relèvent aussi de la riposte de gouvernants autoritaires aux mouvements révolutionnaires monde arabe, destinée à étouffer ces derniers. La responsabilité  des régimes autoritaires de la région est donc engagée, mais aussi et surtout celle des grandes puissances, Etats-Unis et Russie en tête, sans oublier la France et, plus largement, l'Union européenne. Laquelle, pour la première fois, commence à payer directement le prix de sa politique : avec les attentats de Paris, et avec l'afflux de centaines de milliers de réfugiés.

Paradoxalement, la seule réponse proposée par ces puissances régionales et internationales, c'est d'ajouter la guerre à la guerre. Tous les experts sérieux s'accordent pourtant à considérer que seule la mise en place de pouvoirs démocratiques et représentatifs permettra de sortir du chaos : s'il en allait ainsi à Bagdad et à Damas, si les populations sunnites s'y trouvaient représentées et leurs intérêts pris en compte, le terreau même de Daech serait asséché. L'accord sur le nucléaire iranien montre que la négociation, même la plus improbable, devient possible dès lors qu'on en a la volonté politique.

L'intransigeance du nouveau gouvernement de droite et d'extrême droite de Benyamin Netanyahou exclut toute avancée dans une négociation bilatérale. Or autant la Palestine avait avancé avec l'admission de l'Etat de Palestine à l'Organisation des Nations en 2012, puis au sein de la Cour pénale internationale en 2015, autant depuis le processus est gelé.

Voilà le contexte dans lequel se déroule la septième biennale « Proche-Orient : ce que peut le cinéma ». C'est dire à la fois son importance et la modestie qui est la nôtre. Importance, car le cinéma reste un instrument privilégié pour tous ceux qui entendent opposer une logique de paix, donc de dialogue, à la logique de guerre qui, pour l'instant, prévaut. Modestie, car le cinéma – et plus généralement la culture – ne saurait réaliser de miracles.

Ce voyage cinématographique nous propose du Proche et Moyen-Orient d'aujourd'hui une image bien différente de celle que diffusent constamment  les médias.

Janine Euvrard

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